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Blanche-Neige

Elle aimait les garçons nus. Mais ce qu’elle préférait, c’était les envelopper dans du tulle blanc.

Tobias habitait à La Hayes depuis trois ans. Ils s’étaient rencontrés l’été d’avant, dans le sud de la France, dans un camping tenu par des Néerlandais ; un lieu presque secret, entre les buissons de deux collines où les rivières coulent de partout. Tobias était venu seul. Elle avait vu ses longs bras fins déployer la toile de son tarp de l’autre côté du chêne. Il portait un débardeur blanc et un pantalon de toile gris. Allongée devant sa tente, plaquée au sol, elle le regardait s’installer. Il avait tendu un fil entre deux arbres, sûrement pour son linge. Son pantalon était un peu descendu sur ses hanches. Elle aimait voir saillir les petits os de son bassin, tout en haut des cuisses. Elle ferma les yeux en pensant au ventre des garçons qu’elle aimait toucher, tendus comme la croupe d’un cheval. Elle imaginait poser sa main sous son nombril et la passer doucement tout autour, d’un bord à l’autre du ventre, en descendant centimètre par centimètre jusqu’aux petites hanches. Quand elle arriverait là, son sexe étoufferait peut-être sous son jean et le soulèverait juste assez pour qu’elle y glisse ses doigts. Elle s’endormit quelques instants, absorbée par la terre sèche et ses pensées vagabondes. Quand elle se réveilla, son jeune voisin n’était plus là et le soleil s’était décroché du zénith. Il était temps d’aller infuser dans la rivière.

Elle se leva, sa tête tourna un peu. Quelques tâches noires encerclaient les pins et le ciel pour les dévorer. Alors que tout disparaissait sous ce qui était devenue une épaisse brume noire, elle s’appuya contre un arbuste. Le lourd bourdonnement la quitta peu à peu et elle vit à nouveau les couleurs. Il faisait si chaud, cet été-là. En partant, elle croisa Tobias qui sortait torse nu du bloc de douche, une serviette posée sur son épaule. Son dos était si clair. S’il n’y prenait garde, le soleil le ravagerait en quelques heures. Phaeton lancé sur son char lui roulerait dessus sans pitié et son fouet claquerait jusque sous ses clavicules, laissant derrière lui les douloureuses traces de sa cavalcade. Elle le surnomma Blanche-Neige.

Avec Mathijs Fressancourt.