On entend d’abord, depuis la rue, le bruit affreux des roulettes d’une valise trop lourde, choquée sur les pavés. Il s’arrête parfois, et reprend d’un coup sec. Puis on entend un souffle court, dans l’escalier en bois étroit qui mène aux loges. Un souffle court accompagné de grands boums. C’est la valise, toujours, qui rythme l’ascension, comme les bracelets de clochettes noués aux chevilles des danseuses indiennes. Arrive un sentiment de culpabilité diffus : il faudrait se lever et proposer de l’aide à l’alpiniste. Mais c’est que nos bras ne se sont pas encore remis de notre propre épopée, et puis on vient juste de troquer nos habits de voyage pour enfiler notre déshabillé de tournée préféré, ce kimono de pacotille trouvé au marché, mais qui supporte si bien les lavages fréquents à 40°C. Et puis, on était en train de poster une photo dans notre story instagram – #Ilovemyjob #showgirlontour. On espère aussi que l’un des bénévoles du festival lui viendra en aide, comme il nous est venu en aide tantôt. Et puis. Et puis la porte s’ouvre, et c’est trop tard.

Heyyyyy, how are you? Did you have a nice trip? Yes… I know…so exhausting… My luggage was so heavy too, it’s killing me! But welcome! I am glad to see youuuu!