Sur le miroir de la salle de bain, il était écrit vanitas vanitatum omnia vanitas au rouge à lèvre. C’était l’une de ces soirées costumées chez S et M. La salle de bain était la pièce maîtresse, toujours occupée, laissant couler un flot permanent de visiteurs ; minuscule écluse où tous se retrouvaient.
En poussant sa porte on ne savait jamais quel spectacle s’y jouerait : serait-ce trois amis qui se repoudreraient le nez ? Y verrait-on un animal sauvage, plongé la tête la première dans la baignoire remplie de glace, en quête d’une ultime bouteille de champagne ? Serait-ce les agitations de deux amants clandestins, coincés entre la fenêtre et la table à repasser ? Ou peut-être tout en même temps ?
De l’autre côté de la porte, on pouvait entendre les cris du grand baron. Longiligne créature montée sur des sabots façon pieds de bouc, il zigzaguait, hilare, dans le couloir étroit menant aux salons, montrant à qui le voulait -ou pas, son torse nu, ses jambes recouvertes de fourrure marron et son immense sexe de bois rose, dressé tout raide jusqu’au nombril.